Trial SEAS

Titre officiel :

Simvastatin and Ezetimibe in Aortic Stenosis

Date de publication :

25 septembre 2008

Durée :

5 ans

Sponsor :

Merck and Schering-Plough

Conflits d’intérets :

Drs. Rossebø and Wachtell report receiving consulting fees from Merck and research support from Merck and Schering-Plough; Dr. Pedersen, receiving consulting fees from Merck and Schering-Plough and lecture fees from Pfizer and AstraZeneca; Dr. Boman, receiving lecture fees from AstraZeneca, Merck, and Schering-Plough and consulting fees from Merck; Drs. Brudi and Malbecq, being employees of Merck and having an equity interest in the company; Dr. Chambers, receiving consulting and lecture fees from St. Jude Medical; Dr. Egstrup, receiving consulting and lecture fees from Merck and Pfizer and lecture fees from AstraZeneca; Dr. Gerdts, receiving grant support and consulting fees from Merck; Dr. Gohlke-Bärwolf, receiving consulting and lecture fees from Merck; Dr. Holme, receiving consulting fees from Merck and lecture fees from Merck and Pfizer; Dr. Kesäniemi, receiving consulting fees from AstraZeneca, Merck, Pfizer, and Schering-Plough, lecture fees from AstraZeneca, Merck, and Schering-Plough, and research support from Merck, Novartis, and Schering-Plough and having an equity interest in Orion Pharma; Dr. Nienaber, receiving lecture fees from Merck, Pfizer, and Essex; Dr. Skjærpe, receiving consulting fees from Merck; Dr. Ray, receiving lecture fees from Merck; and Dr. Willenheimer, receiving lecture fees from Merck and Schering-Plough and consulting fees from Merck.

Participants :

Hommes et femmes âgés de 45 à 85 ans ayant une sténose de valve aortique asymptomatique, légère à modérée étaient admissibles à l’étude. Les patients étaient exclus s’ils avaient reçu un diagnostic ou avaient présenté des symptômes de maladie coronarienne, maladie artérielle périphérique, maladie cérébrovasculaire ou diabète sucré, ou si elles avaient toute autre anomalie nécessitant un traitement hypolipidémiant.

Interventions :

  • 40 mg of SIMVASTATIN and 10 mg of EZETIMIBE (Inegy)
  • Placebo

Sources :

NEJM – Intensive Lipid Lowering with Simvastatin and Ezetimibe in Aortic Stenosis

Quelques réflexions concernant cette étude clinique :

Nouveau test de l’Ézétimibe. Le précédent essai clinique de ce produit (Enhance) dans lequel était testé la la différence d’efficacité entre un cocktail de Simvastatine et d’Ézétimibe d’une part et de la Simvastatine seule d’autre part n’ayant pas fait preuve d’une quelconque efficacité, cette fois-ci les auteurs de l’étude ont pris d’un côté Simvastatine + Ézétimibe et de l’autre un placebo. Ce qui, comme on va le voir, ne fait que confirmer l’inefficacité de l’Ézétimibe, plus une sérieuse interrogation concernant l’augmentation des cas de cancer !

Tout d’abord, voici la conclusion officielle de l’étude :

On va gagner du temps : La Simvastatine et l’ézétimibe n’ont pas réduit le résultat primaire des événements combinées de la valve aortique et des événements ischémiques chez les patients présentant une sténose aortique. Un tel traitement réduit l’incidence des événements cardiovasculaires ischémiques, mais pas les événements liés à une sténose valvulaire aortique.
Et encore, les événements cardiovasculaires ne sont pas moindres qu’avec n’importe quelle statine utilisée seule. Autant dire pas grand-chose…

Et si l’on fouille un peu plus… :

En fait, au début, il ne devait y avoir que la simvastatine (40 à 80 mg), mais MERCK a ordonné pour des raisons marketing de tester aussi l’ézétimibe 10 mg. Et donc avec cette étude, on ne connaît pas l’effet de l’Ézétimibe utilisé seul.
Ensuite le critère primaire est extrêmement vaste, puisqu’il comprend aussi bien les décès que les AVC, en passant par les hospitalisations pour angor instable… Ce qui, pour un critère primaire est ULTRA-large et ultra-flou, et aurait dû avantager les médicaments testés. Ce qui n’a pas été du tout le cas.
Les auteurs se félicitent bien entendu d’une baisse de presque 54% du cholestérol. Ce qui, hélas, ne se ressent aucunement au niveau des résultats.
Par contre, nous observons une augmentation spectaculaire de 70% des décès dus au cancer dans le groupe Simvastatin + Ézetimibe… Ce que les auteurs de l’étude confirment : Le cancer faisait partie d’un très grand nombre d’indicateurs de sécurité analysés dans l’étude clinique SEAS et la différence observée des taux de cancer dans l’étude sont peut-être le fruit du hasard, mais cette possibilité nécessite une étude plus approfondie.
On peut noter aussi une augmentation de 28% des décès toutes causes.
Les auteurs ont aussi constaté une augmentation des taux d’enzymes hépatiques ( «Il y avait une augmentation significative du nombre de patients avec des taux d’enzymes hépatiques élevés dans le groupe simvastatine-ézétimibe, en comparaison avec le groupe placebo, pendant la période d’étude.» ).

En conclusion :

Une dernière chose qui m’interpelle sérieusement (j’y reviendrai sur la page qui traite du Cholestérol) : dans cet essais, malgré une baisse spectaculaire de plus de 50% du cholestérol LDL, on observe strictement aucune amélioration de la morbidité et des événements cardiovasculaires ( «Il n’y avait pas de différence significative entre les 2 groupes d’étude de la mortalité globale. Le critère composite de décès d’origine cardiovasculaire et les composantes de ce résultat composite n’ont pas non plus montré de différence significative entre les deux groupes.» ). Normalement, le cholestérol étant (soit disant…) la cause de tous les maux, une baisse conséquente du cholestérol aurait dû logiquement entraîner une diminution conséquente des maladies cardiovasculaires ?
Ce qui confirme bien, si l’on en doutait encore que, d’une part, faire baisser le taux de cholestérol ne fait pas systématiquement baisser le taux de maladies cardiovasculaires et que, d’autre part, l’ézétimibe est totalement inefficace et ne sert strictement à rien !
D’ailleurs même la HAS (Haute Autorité de Santé) dans sa fiche BUM (Bon Usage des Médicaments) reconnaît elle-même l’inefficacité de l’ézétimibe[1], ce qu’elle confirme d’ailleurs dans cet autre avis[2]. J’insisterai aussi sur ce communiqué récent (07/2014) de la HAS (Haute autorité de santé) qui, dans son « GUIDE DU PARCOURS DE SOINS Maladie coronarienne stable »[3] reconnaît elle-même que les produits suivants (dont l’Ézétimibe) n’ont strictement aucune efficacité : Les autres traitements (fibrates, résines, acide nicotinique, ézétimibe) peuvent réduire le cholestérol LDL, mais aucun avantage lié à ces alternatives n’a été montré en termes de prévention secondaire des complications de l’athérosclérose.
Ce qui n’empêche pas, hélas, de nombreux médecins et cardiologues de prescrire encore et toujours l’Ézétimibe et à l’Assurance Maladie de le rembourser…