Confiner ou ne pas confiner, telle est la question…

Ce billet fait suite à  un article paru sur le figaro1 dont le titre, volontairement provocateur (Vouloir arrêter une épidémie avec le confinement, c’est comme vouloir arrêter la mer avec ses bras), fait le point sur le manque d’efficacité du confinement face à la crise de COVID-19.

Même s’il apparaît que ses arguments semblent frappés du coin du bon sens (comme disait ma grand-mère), il me semble nécessaire de toujours prendre un peu de recul face à ce genre de publication, afin de s’offrir un moment de réflexion. Plutôt que vérifier les chiffres fournis, j’ai préféré chercher s’il n’existait pas une autre publication, disons d’orientation un peu plus scientifique. Et j’ai dégoté celle-ci, intitulée « Confinement strict, surcharge hospitalière et surmortalité2 » et qui compare les résultats de la première propagation épidémique et de la mortalité qui s’ensuit dans trois pays comparables touchés assez largement : Belgique, Pays-Bas et Suède. Ces trois pays ont traité le problème du (ou de la…) COVID-19 de trois manières différentes : isolement social total pour la Belgique, confinement souple pour les Pays-Bas et simple distanciation sans port de masques pour la Suède. Ces trois pays ont trois niveaux de système hospitaliers différents, du plus équipé (Belgique) au moins équipé (Suède).

Il s’avère que les prévisions des différentes solutions ont toutes été en erreur :

  • Dans le cas de la Belgique, le bilan du confinement ne tient pas l’objectif. Il y a presque 3 fois plus de décès que ce qui était espéré par le niveau de confinement de la Belgique.
  • Dans le cas de la Suède, a contrario, il y a 20 fois moins de décès que ce qui était attendu par son niveau de NPI (non pharmaceutical intervention).

Quant à la conclusion de l’étude, je vous la livre telle quelle et vous laisse le soin de la méditer :

  1. Le confinement ne « décale » ni le pic de nouveaux cas, ni le pic de mortalité, au contraire, il « l’anticipe »
  2. Le confinement « n’aplatit » pas la courbe de nouveaux cas, ni la courbe de mortalité, au contraire, il la « gonfle »
  3. Le confinement réalise un effet pervers indésirable de surcharge hospitalière et d’augmentation des décès. Le contraire de l’effet imaginé.
  4. Le raisonnement selon lequel le confinement général strict et indifférencié influe directement sur le « R0 » de propagation épidémique est faux. Une mesure de confinement général strict et indifférencié n’impacte pas directement le R0 mais l’un de ses paramètres : le taux de contact.
  5. Les modélisations mathématiques et statistiques ont été basées sur des « hypothèses » non scientifiques et un dévoiement des modèles :
    • Utilisation de R(0) comme un paramètre alors qu’il est un indicateur,
    • Appréciation à l’estime d’un niveau de « discipline » de la population,
    • Choix arbitraire de l’impact sur R(t),
    • Un modèle « tordu » dans lequel on modifie R(t) à un instant « t » par une « Non Pharmaceutical Intervention »,
    • Une prévision des hospitalisations non démontrée,
    • Du back testing mais pas de modélisation prédictive.

Si vous souhaitez vraiment comprendre les tenant et aboutissement de l’étude, je vous encourage fortement à la lire. Elle est en français,  les graphiques fournis sont explicites et les données proviennent du site Our World in Data.

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