Éléments importants qui influent fortement sur les maladies cardiovasculaires

Quand il s’agit de sa propre santé, personne ne peut se substituer à vous-même, ni le médecin, ni le conjoint, ni le parent et encore moins l’assurance maladie. De plus, la tendance actuelle est de croire (ou de nous faire croire) que peu importe notre hygiène de vie, les médicaments sont « la » solution ultime qui nous guérira de tous nos maux. Mais s’attaquer à la cause est infiniment plus profitable et durable que de traiter les effets ! Par contre cela impose une remise en question que beaucoup ne sont pas prêts à faire…
Plusieurs éléments entrent en jeux, certains sur lesquels on peut influer, d’autres non. Le sujet est vaste, un livre ne suffirait même pas pour faire en faire le tour ; je vais donc me contenter de vous en donner les grandes lignes !

Tout d’abord, quelles sont réellement les causes des maladies cardiovasculaires ? :

Si je me réfère au tableau suivant, tiré de l’étude « A comparative risk assessment of burden of disease and injury attributable to 67 risk factors and risk factor clusters in 21 regions, 1990-2010: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2010[1] », on peut y voir que contrairement à ce que les labos et tous leurs porte-paroles nous martèlent, le cholestérol n’arrive au global qu’en 15e position et en 8e pour l’Europe (bien qu’il me semble douteux de mettre sur un pied d’égalité des pays tels que l’Écosse, dont la mortalité cardiovasculaire compte parmi la plus importante d’Europe, avec la France, pays dont la mortalité cardiovasculaire est une des plus basses, ce malgré un taux de cholestérol élevé…).

Bien d’autres éléments plus importants que le cholestérol entre en compte pour la réduction des maladies cardiovasculaires. Hélas, s’intéresser à celles-ci en priorité n’enrichit ni les industries pharmaceutiques, ni des industries agro-alimentaires…

Le régime méditerranéen ou « crétois » :

À tout seigneur, tout honneur… Le régime méditerranéen est un élément clé de la lutte contre les maladies cardiovasculaires (et bien d’autres maladies…) dont les bienfaits sont unanimement reconnus. Pour plus de renseignements, vous pouvez-vous reporter en page Le régime méditerranéen où j’en parle plus en détail.

Le tabagisme  :

Je pense que les méfaits du tabac sont suffisamment connus pour ce qui est des cancers, mais il faut savoir que le tabac accroît aussi très fortement les risques de maladies cardiovasculaires[2] et d’AVC[3].
Si vous souhaitez vraiment mettre toutes les chances de votre côté, oubliez le tabac. Vous vivrez mieux, plus longtemps et vous ferez de sérieuses économies… De plus le bénéfice de l’arrêt du tabac est rapide : après trois ans sans tabac, le risque cardiovasculaire des ex-fumeurs est identique à celui des non-fumeurs.
Si l’envie est là mais que la volonté vous manque, il est tout à fait possible de vous faire aider. Les possibilités sont nombreuses et vous pourrez trouver plus de renseignements sur Tabac-Info-Service.

Certains médicaments :

Aucun médicament n’est anodin, tous ont des effets secondaires plus ou moins importants, plus ou moins graves.
On a déjà beaucoup parlé des statines et de leur propension à favoriser l’apparition du diabète, facteur favorisant les maladies cardiovasculaires, mais on peut évoquer aussi les AINS (Anti-Inflammatoire Non Stéroïdien : Celecoxib, Diclofenac, Ibuprofen, Naproxen et Rofecoxibs) qui provoquent une apparition de maladies cardiovasculaires pour environ 20 à 30 % des patients sous traitement et une augmentation des cas de diabète pour 10 à 15 % des patients, diabète qui favorise les maladies cardiovasculaires[4]

Le diabète :

Les personnes diabétiques ont un risque supérieur de décès par causes cardiovasculaires, c’est un fait établi[5]. Il est donc courant de prescrire des statines à cette population. Hélas, non seulement les statines sont de plus en plus accusées de provoquer des cas de diabète de type 2, mais aussi d’aggraver les diabètes existants…
L’effet diabétogène des statines était totalement occulté auparavant et n’a commencé à être reconnu depuis que les années 2010, celui-ci étant d’abord fortement minimisé. Au fil du temps, l’effet diabétogène des statines est de plus en plus reconnu, à tel point qu’une étude récente (2015) fait état d’un risque 2 fois plus élevé de développer un diabète de type 2 sous statine[6].
A contrario, réduire ou supprimer les statines chez certains patients diabétiques permet d’améliorer sérieusement le traitement du diabète[7], ce qui conjugué à une surveillance accrue de l’hygiène de vie (voir les éléments de cette page) permet de réduire sérieusement les risques sans aucuns effets indésirables.

La sédentarité :

Nous abordons ici un autre point important contre les maladies cardiovasculaires. Au cours des siècles, l’être humain est passé d’un statut de cueilleur/chasseur (avec donc l’obligation de bouger toute la journée afin de rechercher sa nourriture) à celui d’un être très peu actif physiquement. La société actuelle fait tout ce qu’elle peut pour faire évoluer nos modes de vie afin éviter le moindre effort (travail sédentaire, télévision, console de jeux, automobile, escalator, ascenseur…) au détriment, hélas, de la santé des gens.
L’OMS[8] considère d’ailleurs que la sédentarité constitue la cause principale d’environ 21 à 25 % de la charge du cancer du sein et du côlon, 27 % de celle du diabète et environ 30 % de celle des maladies cardiaques ischémiques.
Il faut donc retrouver l’habitude d’une activité physique. Soyons clairs : il ne s’agit pas de courir un marathon par jour mais simplement retrouver une activité physique quotidienne. Ainsi, un individu avec un syndrome métabolique mais physiquement actif a un risque de décès environ 50% plus bas qu’un individu sans syndrome métabolique mais sédentaire[9]. De même, un patient hypertendu mais physiquement actif voit son risque d’événement cardio-vasculaire divisé par 3[10] et ce, quels que soient les autres facteurs de risque métabolique présents. Par extension, la valeur prédictive même du cholestérol est pratiquement nulle dès lors qu’on la corrige par une activité physique régulière[11][12][13][14].
Les recommandations de l’OMS[15] sont de pratiquer au minimum, au cours de la semaine, 150 minutes d’activité d’endurance d’intensité modérée ou au moins 75 minutes d’activité d’endurance d’intensité soutenue, ou une combinaison équivalente d’activité d’intensité modérée et soutenue. Si vous en faites un peu plus, ce n’est que bénéfice pour votre santé.
Vous n’avez pas le temps ? Qu’est-ce qui vous empêche, par exemple, de préférer l’escalier à l’ascenseur ou à l’escalator, de descendre une station de métro ou de bus plus tôt et finir le trajet à pied ou encore de faites les trajets courts (acheter une baguette, le journal…) à pied ou en vélo plutôt qu’en voiture ou transport en commun…

L’obésité  :

Ce point est en relation étroite avec celui évoqué ci-dessus. Je vais citer une fois de plus l’OMS[16] : La cause fondamentale de l’obésité et du surpoids est un déséquilibre énergétique entre les calories consommées et dépensées. Au niveau mondial, on assiste à une plus grande consommation d’aliments très caloriques riches en graisses et une augmentation du manque d’activité physique en raison de la nature de plus en plus sédentaire de nombreuses formes de travail, de l’évolution des modes de transport et de l’urbanisation.
Les diverses industries agroalimentaires ont aussi bien entendu une (très) grosse part de responsabilité. Il n’est qu’à voir l’impact de la publicité pour les produits trop raffinés/sucrés/gras/salés et les produits laitiers par rapport aux besoins du corps humain[17] :

Pyramide des aliments recommandés versus spots publicitaires

L’analyse détaillée des spots publicitaires démontre que les publicités promeuvent des marques dont l’écrasante majorité concourt au déséquilibre nutritionnel du fait des teneurs trop importantes en sucre ou matières grasses. En cela, ces marques ne font qu’utiliser l’appétence naturelle et inconsciente du jeune enfant pour les goûts sucrés et les textures grasses. Mais compte tenu de la perméabilité des enfants à ces messages publicitaires, nous pouvons affirmer que l’orientation nutritionnelle que donne ici l’industrie agroalimentaire est d’autant plus défavorable qu’elle s’exerce non seulement sur les consommations à un instant donné, mais qu’elle prolonge bien plus que nécessaire cette appétence naturelle et contribue à installer sur le long terme des habitudes de consommations aux antipodes des recommandations des nutritionnistes.

Si vous avez beaucoup de poids à perdre, je voudrais signaler les dangers des régimes alimentaires restrictifs. Ceux-ci ont très souvent des effets néfastes plus ou moins graves sur la santé de ceux qui les pratiquent, de plus environ 80 % des personnes qui tentent un régime amaigrissant reprennent du poids un an après la fin de leur régime, selon un rapport de l’Anses[18]. Je ne peux que vous conseiller d’aller consulter un diététicien qui saura vous aider et vous suivre efficacement.
Pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet, je vous recommande ce rapport de l’OMS : Obésité : Prévention et prise en charge de l’épidémie mondiale

Le stress :

Le lien entre le stress, les maladies du cœur et les AVC n’est pas entièrement compris, mais certaines personnes très stressées, ou stressées pendant de longues périodes, peuvent afficher un taux de cholestérol plus élevé, une pression artérielle plus haute et être plus sujettes à l’athérosclérose. D’ailleurs une étude récente a révélé que les personnes exposées au stress auraient un risque de 23 % plus élevé que celles qui n’y sont pas exposées de faire un infarctus[19].
Il n’est pas toujours facile, dans un cadre professionnel de diminuer son stress (à part changer de job, ce qui est loin d’être évident en ces temps de crise…), par contre plusieurs solutions peuvent vous aider : sport, yoga, méditation, homéopathie, acupuncture, etc. Il y en a pour tous les goûts, à vous de voir…

Les antécédents familiaux :

Là, vous n’y pouvez strictement rien. Si votre famille à de forts antécédents de maladies cardiovasculaires, vous partez avec un handicap. Mais rien est perdu et c’est à vous d’être encore plus vigilant.


  1. PubMed : A comparative risk assessment of burden of disease and injury attributable to 67 risk factors and risk factor clusters in 21 regions, 1990-2010: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2010.
  2. Santé Canada : Le tabagisme et la maladie cardiaque
  3. Santé Canada : Le tabagisme et l’accident vasculaire cérébral
  4. BMJ : Risk of acute myocardial infarction with NSAIDs in real world use: bayesian meta-analysis of individual patient data
  5. L’Assurance Maladie : Facteurs de risque cardiovasculaire
  6. NCBI : Increased risk of diabetes with statin treatment is associated with impaired insulin sensitivity and insulin secretion: a 6 year follow-up study of the METSIM cohort.
  7. Voix médicales : Traitement du diabète de type 2 : des propositions alternatives
  8. OMS : Activité physique et alimentation saine
  9. NCBI : Cardiorespiratory fitness attenuates the effects of the metabolic syndrome on all-cause and cardiovascular disease mortality in men.
  10. NCBI : Exercise capacity and mortality in hypertensive men with and without additional risk factors.
  11. NCBI : Exercise capacity and mortality among men referred for exercise testing.
  12. NCBI : Relation of physical activity to cardiovascular disease mortality and the influence of cardiometabolic risk factors.
  13. NCBI : Lifetime risks for cardiovascular disease mortality by cardiorespiratory fitness levels measured at ages 45, 55, and 65 years in men. The Cooper Center Longitudinal Study.
  14. NCBI : Cardiorespiratory fitness and classification of risk of cardiovascular disease mortality.
  15. OMS : Recommandations mondiales en matière d’activité physique pour la santé
  16. OMS : Obésité et surpoids
  17. OMS : Les publicités de l’industrie agroalimentaire : « Fabricants d’obésité »
  18. ANSES : Suite à la mise en consultation de son rapport d’expertise, l’Anses publie un avis sur les régimes amaigrissants
  19. INSERM : Stress au travail et infarctus : un lien confirmé

Dernière modification : 2019-08-10