S.O.S. Bonheur

Non, non, je ne suis pas atteint de syndrome post-traumatique suite au résultat des élections ; c’est juste que, suite à une campagne électorale dont la médiocrité n’a eu d’égal que la prévisibilité de ses résultats, j’ai eu envie de relire cette bande dessinée dystopique réalisée par le dessinateur Griffo et le scénariste Jean Van Hamme.

S.O.S Bonheur, raconte dans un premier temps toute une série de petites chroniques d’anticipation.

Chaque petit récit est construit de la même manière ; un individu, prenant conscience de l’absurdité de son environnement, se rebelle et est inévitablement broyé par les rouages du système.

Au travers du récit de vie de plusieurs individus, Van Hamme nous décrit une société devenue fasciste, qui a imposé un autoritarisme intransigeant, absurde et déshumanisé comme solution aux grands maux persistants de notre société. Le trou de la sécurité sociale, la pollution, les inégalités, la surpopulation… Tous ces problèmes actuels ont été solutionnés de manière drastique. Les habitants du nouveau régime sont contrôlés, globalisés, désindividualisés, hiérarchisés, policés. Pour écrire, faire un enfant, aller en vacances, se soigner, il faut être fiché, demander une autorisation et respecter la loi du silence au risque de grands dangers. Le slogan « La liberté est devenue une forme d’hérésie » revient régulièrement.

Quelques citations tirées de la présentation des différents chapitres :

Plan de carrière sur le travail en entreprise : « Les principales qualités attendues des travailleurs de l’entreprise sont l’esprit d’équipe, l’efficacité dans le service et le respect de la discipline intérieure. […] Tout manquement aux normes établies par le présent règlement sera passible de renvoi immédiat. » (extrait du règlement de travail de la Compagnie d’Analyses Générales)

À votre santé sur le système de santé : « L’affilié a pour premier devoir de protéger sa santé. […] Les agents de la Police Médicale auront les plus larges pouvoirs de surveillance et d’investigation pour sanctionner les contrevenants. » (circulaire de la Caisse Nationale d’Assurance Médicale Unifiée)

Vive les vacances ! sur le système de vacances : « Le calendrier des vacanciers enregistrés est établi en fin d’année pour les douze mois de l’année suivante. […] Toute demande de changement de date ou d’affectation sera examinée par les services compétents en fonction du dossier social du demandeur. » (décret du Ministère des Vacances Nationales)

Sécurité publique sur le système sécuritaire : « Pour jouir de la plénitude de ses droits civiques, tout citoyen doit être enregistré au Fichier Central de la Population. […] Les agents de la Police du Fichier, relevant du ministère de la Sécurité Publique, auront toute qualité pour interpeller les contrevenants. » (arrêté ministériel)

Planning familial sur le contrôle des naissances : « Afin de préserver au mieux l’équilibre des nations et l’harmonie du monde, les pays signataires s’engagent à adopter des normes de croissance démographique établies de commun accord. […] A charge pour chacun d’entre eux d’édicter les lois nationales permettant de les faire respecter. » (article de la Charte internationale pour le Contrôle de la Démographie mondiale)

Profession protégée sur la culture : « Une mission primordiale de tout responsable culturel conscient de ses responsabilités à long terme est de permettre aux véritables artistes de créer en toute liberté matérielle. » (extrait d’allocution du Ministre des Arts et Lettres)

Toutes ces histoires permettent de décrire le fonctionnement et l’oppression de cet État totalitaire, aboutissant à la dernière histoire en guise de conclusion :
Révolution : « La première mission du policier est de veiller à la sécurité de l’État. […] En tant qu’auxiliaire de la Justice, l’officier de police assurera en toutes circonstances et indépendamment de tout sentiment personnel, le respect de l’ordre et de la loi. » (extrait de Devoir et sacrifice la revue trimestrielle de la Fédération inter-polices)

Vous l’aurez compris, cette BD en six épisodes parue initialement dans l’hebdomadaire Spirou entre 1984 et 1986, puis publiée en trois tomes entre 1988 et 1989, avec un épisode final complémentaire représente l’avenir de l’humanité (quoi que nous soyons déjà bien engagés dans cette voie…) telle que nous le proposent des types comme Klaus Schwab, Bill Gates, Elon Musk ou autres grands financiers. N’oublions pas que ces personnes, dont la puissance est garantie par leur fortune, ont une oreille des plus attentive de la part des divers gouvernements (qui sont d’ailleurs leurs obligés…). Il ne faut pas se leurrer, ce sont eux qui font la pluie et le beau-temps sur l’avenir de l’humanité.

Une vision de l’avenir de l’humanité qui personnellement me donnerait plutôt envie de vomir !

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