Arrêter les statines aurait fait baisser la mortalité cardiovasculaire en France

Le débat sur les statines en France, en conduisant des patients à arrêter leur traitement, aurait sauvé 2000 vies en 2013, estiment dans un article le Dr Michel de Lorgeril et le Pr Philippe Even, et non entraîné 10 000 décès comme l’avaient annoncé des chercheurs français.
Au début de l’été 2016, des pharmaco-épidémiologistes de l’INSERM à Bordeaux annonçaient dans les Archives of Cardiovascular Disease (une émanation de la Société Française de Cardiologie) que, suite à la publicattion du livre du Pr Even (« La vérité sur le cholestérol »), avaient entraîné en France une augmentation de 50% des arrêts de statines. Conséquence, selon eux : la mortalité avait augmenté d’environ 15% dans leur échantillon. En extrapolant à l’ensemble de la population française, l’arrêt des statines avait pu provoquer, selon ces auteurs, entre 10 000 et 11 000 décès supplémentaires sur environ 9 mois de l’année 2013.
Cette tragédie sanitaire théorique a été violemment commentée dans certains médias, qui n’ont pas hésité à présenter les lanceurs d’alerte sur les statines comme de virtuels criminels.
Or voici les chiffres concernant diverses causes de mortalités et publiées par l’’INSEE après validation par l’INSERM en Août 2016 :

Dans leur article, Michel de Lorgeril et Philippe Even analysent les vrais chiffres de mortalité en France pour l’année 2013.
On y relève une légère diminution de la mortalité cardiovasculaire totale en 2013 par rapport à 2012 ou par rapport à la moyenne des 4 années précédentes (141 500 contre 138 900 en 2013). La mortalité cérébrovasculaire semble stable au cours des 5 années observées confirmant l’absence de surmortalité en 2013.
« Finalement, analysent-ils, le nombre d’infarctus mortels – et c’est là essentiellement qu’on aurait dû voir les 10 000 décès supplémentaires puisque, selon les défenseurs des statines, ces médicaments protègent surtout des attaques cardiaques – n’a pas augmenté en 2013. Mieux, il apparaît qu’il y a eu moins d’infarctus mortels non seulement par rapport à 2012 (comme le montre le tableau) mais aussi par rapport à la moyenne des 4 années précédentes (35 200), comme si les arrêts des traitements par statines avaient sauvé des vies : 1200 vies sauvées en 2013 par rapport à 2012 et 1800 vies sauvées par rapport à la moyenne des années 2009 à 2012. »
« Les arrêts de statines (ou les déprescriptions) n’ont donc pas eu les effets négatifs annoncés par les défenseurs des statines », écrivent-ils. « Au contraire, il faut constater que plus de 2000 décès cardiovasculaires ont été épargnés au total. »
Pour expliquer ce résultat, Michel de Lorgeril et Philippe Even avancent qu’une partie des patients ayant arrêté les statines ont aussi compris que modifier son mode de vie était plus efficace et moins dangereux que prendre des médicaments.

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