In memoriam : Aaron Swartz (08/11/1986 – 11/01/2013)

Pour ceux qui ne le connaissent pas, Aaron H. Swartz était un informaticien brillant, mais aussi écrivain, entrepreneur, militant politique et activiste de l’Internet. Fervent partisan de la liberté numérique, il consacra sa vie à la défense de la « culture libre », convaincu que l’accès à la connaissance est un moyen d’émancipation et de justice.

Il participa activement au développement du standard RSS et des licences Creative Commons (justement celle sous laquelle est rattaché ce site) ainsi qu’à la création du framework « web.py », largement utilisé dans le monde du web. Il fut aussi cocréateur de Reddit et a également fondé l’organisation Demand Progress, connue pour son travail contre SOPA (Stop Online Piracy Act) et d’autres organisations de droits d’auteur.

Le 6 janvier 2011, Aaron Swartz a été arrêté pour avoir téléchargé et mis à disposition gratuitement 4,8 millions d’articles scientifiques de JSTOR, une plateforme de publication universitaire payante. Aaron Swartz était partisan d’un libre accès aux connaissances scientifiques, dans un contexte où les grands éditeurs de revues comme Elsevier dominent l’économie de la publication scientifique, en restreignant ainsi l’accès aux études et résultats d’expérimentations.

Les procureurs fédéraux l’ont inculpé des chefs d’accusation de fraude électronique et de 11 violations de la loi sur la fraude et les abus informatiques, assortis d’une peine maximale cumulée d’un million de dollars d’amendes, de 35 ans de prison, de confiscation d’actifs, de restitution et de liberté surveillée. Aaron Swartz a refusé une négociation de plaidoyer en vertu de laquelle il aurait purgé six mois de prison fédérale.

Il s’est suicidé le 11 janvier 2013 à l’âge de 26 ans. Son procès fédéral en lien avec les accusations de fraude électronique devait débuter le mois suivant.

 

Voici le communiqué qu’avaient fait paraître sa famille et ses amis :

Notre frère, fils, ami et partenaire bien-aimé Aaron Swartz s’est pendu vendredi dans son appartement de Brooklyn. Nous sommes sous le choc et nous n’avons pas encore réussi à accepter sa disparition.

La curiosité, la créativité et la brillance insatiables d’Aaron, son empathie réflexe et sa capacité d’amour désintéressé et illimité, son refus d’accepter l’injustice comme une fatalité – ces dons ont rendu le monde, et nos vies, bien plus brillants. Nous sommes reconnaissants du temps que nous avons passé avec lui, à ceux qui l’ont aimé et qui l’ont soutenu, et à tous ceux qui poursuivent son œuvre pour un monde meilleur.

L’engagement d’Aaron pour la justice sociale était profond et a défini sa vie. Il a contribué à la défaite d’un projet de loi sur la censure de l’Internet ; il s’est battu pour un système politique plus démocratique, plus ouvert et plus responsable ; et il a aidé à créer, construire et préserver un éventail vertigineux de projets savants qui ont étendu la portée et l’accessibilité des connaissances humaines. Il a utilisé ses prodigieux talents de programmeur et de technologue non pas pour s’enrichir, mais pour faire de l’internet et du monde un endroit plus juste et meilleur. Ses écrits profondément humains ont touché les esprits et les cœurs de toutes les générations et de tous les continents. Il a gagné l’amitié de milliers de personnes et le respect et le soutien de millions d’autres.

La mort d’Aaron n’est pas simplement une tragédie personnelle. C’est le produit d’un système de justice pénale où l’intimidation et les poursuites abusives sont monnaie courante. Des décisions prises par des fonctionnaires du bureau du procureur des États-Unis du Massachusetts et du MIT ont contribué à sa mort. Le bureau du procureur américain a retenu une série de chefs d’accusation exceptionnellement sévères, pouvant entraîner plus de 30 ans de prison, pour punir un crime présumé qui n’avait pas de victimes. Pendant ce temps, contrairement à JSTOR, le MIT a refusé de défendre Aaron et les principes les plus chers de sa propre communauté.

Aujourd’hui, nous pleurons l’homme extraordinaire et irremplaçable que nous avons perdu.

J’aimerais vous faire partager deux citations de sa part :

  • Partager la connaissance n’a rien à voir avec le fait de piller un bateau et assassiner son équipage, c’est un impératif moral.
  • L’information est un pouvoir. Mais comme tous les pouvoirs, il y a ceux qui veulent le garder pour eux… Il est temps, dans la grande tradition de la désobéissance civile, de déclarer notre opposition au vol privé de la culture publique. Nous devons prendre l’information partout où elle est stockée et la partager avec le monde.

Triste monde lorsque la justice et les autorités s’acharne sur les plus altruistes alors que les pires salauds, eux, prospèrent en toute impunité avec la bénédiction de la plupart des gouvernements !

Pour terminer, je tiens à préciser une nouvelle fois que non seulement je ne suis dépendant de personne pour le maintient et l’hébergement de ce site (je ne reçois aucun revenu publicitaire ou autre) mais qu’aussi l’ensemble de ce site est placé sous licence « Creative Common BY-NC 4.0 », c’est-à-dire que vous pouvez librement reprendre et diffuser tout ou partie de ce site, à condition d’en indiquer la provenance et que ce ne soit pas dans un but commercial (autrement dit : il est interdit de se faire du fric sur mon dos, alors que je maintiens ce site bénévolement et n’en tire strictement aucun revenu !).

Eh oui, moi aussi à mon très modeste niveau, je suis fier d’œuvrer pour le partage des connaissances…

5 réflexions au sujet de “In memoriam : Aaron Swartz (08/11/1986 – 11/01/2013)”

  1. Merci d’ avoir fait connaitre cette personne ,,, aujourdhuis tout est privatisable hélas
    vive gnu linux

    ps votre correcteur semble buger ( il souligne tout en rouge )

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    • Pour le correcteur orthographique, ce n’est hélas pas le mien mais celui de Firefox. Peut-être un problème de langue par défaut dans le configuration de celui-ci ?
      Sinon, pour GNU Linux, entièrement d’accord ! Depuis une quinzaine d’années sous Linux. Après avoir essayé Suze, Fedora, Mageia (du temps où celle-ci s’appelait encore Mandriva) et Ubuntu pour finalement craquer définitivement pour Debian (branche « Unstable ») depuis une dizaine d’années. Pour le fun, j’ai aussi testé Gentoo, mais il faut passer son temps à compiler… 🙂

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  2. Bravo et surtout merci !
    Je consulte votre site et l’apprécie pour les informations pertinentes et libres !
    Il faut continuer……. pas assez d’informations et de sites semblables, hélas !
    Cordialement

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