Le retour de la Stasi (3)

Je reviens sur un décret français adaptant le règlement européen relatif à la lutte contre la diffusion des contenus à caractère terroriste en ligne (également connu sous le nom de TERREG, déjà voté par l’UE en 2021, mais pas encore appliqué)1.

Celui-ci, dans la même lignée que le projet de loi cité dans mon précédent article2, permettrait à toute autorité, administrative ou judiciaire (et qu’il reviendra aux États membres de désigner), de forcer un fournisseur de service en ligne à retirer en seulement 1 heure un contenu qu’elle aura qualifié de terroriste, et cela, dans tous les États membres de l’UE3.

Là où le bât blesse, c’est dans la notion de contenu qualifié de « terroriste », puisque comprenant, je cite, les éléments : « de nature à gravement déstabiliser ou détruire les structures politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales fondamentales d’un pays ou d’une organisation internationale4 », ce qui laisse la porte ouverte à toute interprétation, notamment celle d’interdire tout propos de nature à perturber les profits des multinationales (il ne faut pas se leurrer, ce sont elles qui gouvernent le monde, et non pas les pantins des divers gouvernements !).

Donc nous allons avoir des bots (robots) qui vont scanner le web en permanence afin de détecter tout contenu portant préjudice au business des multinationales, ou critiquant un gouvernement, voire dénonçant des pratiques douteuses de ces mêmes gouvernements. Ce contenu devra donc être retiré par le fournisseur de service en ligne, arbitrairement et sans aucune décision de justice.

Lorsque l’on constate les dérives dues aux erreurs d’interprétation de ces bots sur divers réseaux sociaux réputés pour leur puritanisme, comme supprimer des posts concernant des informations sur le cancer du sein (ben oui, il y a le mot sein, ou encore une photo d’un sein afin d’illustrer une reconstruction, etc.) ou des photos d’œuvres d’art un peu trop dénudées.

Bref, nous allons vers une censure aveugle, ce qui laisse présager un glissement progressif vers un type de gouvernement dictatorial, qui muselle tout propos qui peut déranger et fait taire n’importe quelle amorce de contestation.

Je terminerai ce coup de gueule en citant Coluche : « Rappelez-vous toujours que si la Gestapo avait les moyens de vous faire parler, les politiciens ont, eux, les moyens de vous faire taire. »

Hélas, on y vient doucement mais sûrement…

 

Laisser un commentaire