Les statines devraient réduire la calcification des artères. Hélas, c’est plutôt le contraire !

Il y a peu de temps, un visiteur de mon site m’a posé la question si j’avais connaissance d’études qui prouvent un lien entre la prise de statines et le développement des sténoses coronariennes (ou calcification des artères : CAC). Je lui ai répondu que non, je ne me souvenais pas de ce genre d’étude.

Ce à quoi il m’a cité l’étude « The Ugly Side of Statins1 », dont je parle en page « Les effets secondaires des statines2 » et qui évoquait justement ce sujet.

Tout d’abord, honte à moi de pas connaître par cœur toutes les études citées sur mon site. Ensuite, ce n’est pas moins de sept études sur ce sujet qui y sont évoquées.

Pour me faire pardonner, je vous présente ces sept études :

La première3 a évalué l’association entre l’utilisation de statines et le type de composition de la plaque coronarienne chez des patients sans maladie coronarienne (MAC) connue subissant une angiographie coronarienne (CCTA). Ses conclusions en sont les suivantes : L’utilisation de statines est associée à une prévalence et à une étendue accrues des plaques coronaires comportant du calcium. L’effet longitudinal des statines sur la composition de la plaque coronarienne mérite des recherches plus approfondies.

La deuxième4 a randomisé 615 femmes hyperlipidémiques et ménopausées pour recevoir un traitement hypolipidémiant intensif (Atorvastatine 80 mg/j) et modéré (Pravastatine 40 mg/j). Ces patientes ont été soumises à 2 analyses EBT à un intervalle de 12 mois pour mesurer le pourcentage de changement du score de volume de calcium (CVS) total et artériel unique par rapport à la ligne de base.
Conclusion : Chez les femmes ménopausées, un traitement intensif par statines pendant 1 an a entraîné une réduction plus importante du LDL qu’un traitement modéré, mais n’a pas entraîné une moindre progression de la calcification coronarienne.
Les auteurs signalent que cette étude n’a néanmoins pas permis de déterminer si la progression du SVC était ralentie dans les deux bras ou dans aucun des deux bras par rapport à l’utilisation d’un placebo.

La troisième5 s’est penchée sur la réduction de la CAC auprès de deux groupes de patients soumis à de l’Atorvastatine à haute et faible dose.
Dans cet essai multicentrique, randomisé et en double aveugle, 471 patients (âgés de 61 ± 8 ans) n’ayant aucun antécédent de maladie coronarienne et aucun signe de sténose coronarienne de haut grade (réduction du diamètre > 50 %) ont été randomisés s’ils présentaient ≥2 facteurs de risque cardiovasculaire et une athérosclérose coronarienne calcifiée modérée, comme en témoigne un score CAC ≥30. Les patients devaient recevoir 80 mg ou 10 mg d’Atorvastatine par jour pendant 12 mois.
Je vous en livre la conclusion : Nous n’avons pas observé de relation entre les taux de cholestérol LDL sous traitement et la progression de l’athérosclérose coronarienne calcifiée. Sur une période de 12 mois, un traitement intensif à l’Atorvastatine n’a pas réussi à atténuer la progression de la CAC par rapport au traitement standard à l’Atorvastatine.
Les auteurs précisent néanmoins qu’il reste possible que la fenêtre temporelle ait été trop courte pour démontrer un effet.
Étonnant, alors que de nombreuses études sur certains produits hypercholestérolémiants ne durent même pas une année et sont, soi-disant, un franc succès…

La quatrième6 a étudié l’effet de l’utilisation des statines sur la progression de la calcification vasculaire dans le diabète de type 2.
Conclusion : Après ajustement en fonction du CAC de base et d’autres facteurs de confusion, la progression du CAC était significativement plus élevée chez les utilisateurs plus fréquents de statines que chez les utilisateurs moins fréquents (moyenne ± SE, 8,2 ± 0,5 mm 3 contre 4,2 ± 1,1 mm 3 ; P < 0,01).
Soit une progression du double de la CAC ; ce qui est extraordinaire pour un médicament censé la réduire…

La cinquième7 a testé l’hypothèse selon laquelle, par rapport au placebo, la Simvastatine réduirait la progression des taux de calcium dans l’artère coronaire (CAC) et de l’aorte abdominale (AAC) chez les participants asymptomatiques de maladie vasculaire. Les participants ont été randomisés pour recevoir 80 mg de Simvastatine (n = 40) ou un placebo correspondant (n = 40) pendant 12 mois.
Conclusions : Le volume total de CAC a augmenté par rapport au départ dans les deux groupes de traitement. Pour les sujets du groupe de traitement actif, le volume de CAC a augmenté de 9 %, alors que dans le groupe placebo, le volume de plaque a augmenté de 5 % (p = 0,12 pour l’effet du traitement).
Une fois de plus, augmentation de quasiment le double de la CAC chez les utilisateurs de statines par rapport au placebo.

Quant à la sixième étude8, celle-ci a procédé à un examen complet des rapports publiés sur la progression de la CAC. En voici ses conclusions : Cependant, malgré des données préliminaires prometteuses, il n’a pas été démontré que de telles interventions (notamment le traitement par statines) ralentissaient la progression de la PCA dans les essais contrôlés randomisés réalisés à ce jour, en dehors des analyses post hoc de sous-groupes.
J’en profite pour rappeler que les analyse de sous-groupes sont bien souvent effectuées lorsque les résultats d’une étude se retrouvent être peu probants. Ces analyses dites « post hoc » doivent être considérées avec de plus amples réserves encore que l’étude originelle. Les analyses statistiques ne sont, dans ce cas, pas fiables et leur « signification » éventuelle ne repose sur aucune base9.

Pour ce qui est de la septième et dernière étude, celle-ci a testé l’hypothèse selon laquelle, par rapport au placebo, la Simvastatine réduirait la progression des taux de calcium dans l’artère coronaire (CAC) et de l’aorte abdominale (AAC) chez les participants asymptomatiques de maladie vasculaire.
Ses conclusions sont dans la lignée des précédentes : Le volume total de CAC a augmenté par rapport au départ dans les deux groupes de traitement. Pour les sujets du groupe de traitement actif, le volume de CAC a augmenté de 9 %, alors que dans le groupe placebo, le volume de plaque a augmenté de 5 % (p = 0,12 pour l’effet du traitement). Le volume de l’AAC a également augmenté dans les deux groupes de traitement (p = 0,15 pour l’effet du traitement). En conclusion, le traitement par la Simvastatine ne réduit pas la progression du CAC ou de l’AAC par rapport au placebo.

Chacun en tirera les conclusions qui s’imposent.

 

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