Le retour de la Stasi !

La Stasi, active en Allemagne de l’Est jusqu’à la chute du mur de Berlin, était un organisme d’état connu (et reconnu) pour ses capacités à surveiller l’ensemble de la population Est-Allemande. Interceptions du courrier, écoutes, encouragements à la délation, tout y passait. Avec, bien évidemment, séquestration de toute personne susceptible de s’opposer au régime en place.

Dans la même veine, le parlement Européen, toujours à la pointe de l’innovation lorsqu’il s’agit de pondre des conneries, veut obliger les fournisseurs de services de courrier électronique, de chat et de messagerie diverse à surveiller tous les courriels, messages et autres afin de traquer les contenus pédophiles ou terroristes¹. Les parlementaires (belle bande d’abrutis !) proposent même d’interdire tout chiffrement dans les applications de messagerie ou d’imposer les prestataires à leur fournir une porte dérobée (backdoor) afin de leur permettre de déchiffrer les messages transitant par celles-ci.

Pour citer Audiard et concernant ces fameux parlementaires : « Si la connerie se mesurait, ils seraient à Sèvre et serviraient de mètre étalon ».

Car, si pour eux il est évident que seuls les gentils gouvernements pourrait utiliser cette backdoor, les réalités de la sécurité informatique vont vite les rappeler à l’ordre. Il n’y a qu’à voir toutes les cyberattaques, les piratages et/ou le chiffrement de données d’entreprise (y compris de très importantes avec un service informatique de pointe…) pour se rendre compte que les hackers, en plus de leurs grandes compétences, ont toujours un train d’avance.

Or donc, les gouvernements (et les hackers…) vont surveiller tout ce que la population européenne échange comme message afin de traquer tout contenu suspect.

Exactement comme feu la Stasi en son temps…

Mais qu’est-ce qu’un contenu suspect ?

Vous envoyez à des membres de votre famille des photos de votre dernier-né, tout nu dans le bain, vous êtes un pédophile ? Si dans un message vous mettez l’expression « faire la bombe » en parlant de votre prochaine fête ou si vous faites une description du tableau d’Eugène Delacroix « La liberté conduisant le peuple »², vous êtes un dangereux terroriste ?

Je ne vous raconte pas le nombre de faux positif que cela va générer… Même avec un taux d’erreur de seulement 1 %, au vu des milliards de messages envoyés dans l’UE chaque jour, cela pourrait faire des dizaines de millions de faux positifs quotidiens. De quoi monopoliser les forces de police, engorger les tribunaux, mais surtout incriminer des milliers de personnes innocentes et les accuser à tort des crimes les plus graves !

Appliquer déjà les lois existantes serait un grand pas en avant, surtout lorsque l’on voit le nombre de multirécidivistes, fichées « S » qui font (soi-disant…) l’objet d’une surveillance active et qui commettent malgré tout crimes terroristes, viols ou actes de pédophilie…

Sans compter que le simple fait de participer à une manifestation anti-gouvernementale peut vous classer comme fiché « S », c’est-à-dire comme terroriste…

Mais le plus inquiétant sont les dérives que cela risque de générer. En effet, une pratique sécuritaire, une fois qu’elle est mise en place n’a quasiment aucune chance d’être invalidée, bien au contraire ! La prochaine étape, c’est quoi ? Mettre en place une IA qui va censurer vos messages afin de supprimer tout texte contraire à la doxa gouvernementale ?

Où l’on en revient à la tristement célèbre Stasi et sa censure.

Ne rigolez pas, c’est en bonne voie ! Je me permettrais juste de rappeler ce rapport de plusieurs sénateurs qui glorifiaient les méthodes coercitives déployées en Chine pendant la crise de la Covid³, la généralisation des caméras de surveillance vidéos-protection (caméras dont personnes n’a pu encore prouver l’efficacité à prévenir la délinquance, mais qui enrichissent ceux qui les fournissent⁴…), puis récemment le vote de la mise en place du fichage généralisé des Français selon leurs opinions politiques, religieuses, syndicales, voire l’appartenance à certains mouvements écologistes susceptibles de déranger la digestion de nos députés ou sénateurs⁵.

Sans compter que les gouvernements lorgnent ouvertement sur tout ce que nos chers GAFA collectent comme données à votre insu, données dont ils souhaiteraient bien en avoir l’accès. En effet, il faut savoir que demander de vous logger avec un compte Microsoft pour ouvrir une session sous Windows, ou un compte Apple ou Google pour démarrer un Mac/smartphone/tablette n’est pas innocent (je ne parlerai même pas de Facebook Meta…). Sous le fallacieux prétexte de vous faciliter la tâche en vous permettant d’accéder gratuitement (dans un premier temps, mais c’est comme les dealers : la première dose est gratuite, ensuite…) à leurs services, ces derniers emmagasinent toute votre vie privée ; et quand je dis vie privée, je parle de vos contacts, messages, conversation, fichiers et images, historique des sites que vous avez visités, historiques de géolocalisation, programmes que vous avez installés (et même désinstallés…), etc.

Vous ne me croyez pas ? Allez consulter la liste des autorisations demandées par l’application « Google Play », imposée par Google pour pouvoir installer n’importe quelle application sur un smartphone sous Android⁶…

Il faut être vraiment naïf pour croire les déclarations vertueuses de ces prestataires qui affirme à qui veut bien l’entendre que tout ce qui est stocké chez eux n’appartient qu’à vous !

Pour terminer, je citerai deux phrases extraites du livre d’Edward Snowden (Mémoires vives) et qui résume bien ce que je viens de dire :

• Au terme d’une décennie de surveillance de masse, l’informatique a prouvé qu’elle servait davantage à brider la liberté qu’à lutter contre le terrorisme.
• Prétendre que vous n’accordez aucune importance au concept de vie privée parce que vous n’avez rien à cacher n’est pas très différent que d’affirmer que vous n’avez que faire de la liberté d’expression parce que vous n’avez rien à dire.

Ceci dit, avec tout ce que je dénonce sur mon site, je devais avoir jusqu’à présent le statut de sale complotiste.

Maintenant, avec le texte ci-dessus, je viens subitement de passer à celui de dangereux terroriste…

Monde de merde !