Une nouvelle étude sur les statines démontre… que celles-ci ne servent à rien !

L’étude EMPATHY (Intensive Treat-to-Target Statin Therapy in High-Risk Japanese Patients With Hypercholesterolemia and Diabetic Retinopathy: Report of a Randomized Study) a suivi pendant 3 ans un peu plus de 5000 patients japonais atteints d’hypercholestérolémie, de rétinopathie diabétique et sans antécédents de coronaropathie. Celle-ci était financée par le laboratoire Shionogi, qui produit notamment le Crestor®, et le responsable de l’étude était rémunéré par Takeda, Nippon Boehringer Ingelheim, Daiichi Sankyo, MSD, Mitsubishi Tanabe, Shionogi, Taisho Toyama, Sumitomo Dainippon, Astellas, Kyowa Hakko Kirin, Teijin, Mochida, Ono, Chugai, and Eli Lilly, Nipro and SBI…
Les patients ont été répartis au hasard pour recevoir un traitement par statine (atorvastatine, rosuvastatine, pitavastatine, pravastatine, fluvastatine, fluvastatine ou simvastatine) afin d’atteindre une cible de LDL-C < 70 mg/dL (2518 patients) ou 100 à 120 mg/dL (2524 patients).

Les statines étant soi-disant bien supportées, nous sommes très heureux d’apprendre que les deux groupes présentaient des taux similaires d’événements secondaires indésirables (75 %) et d’événements secondaires indésirables graves (22 %). Ah, quand même…

Quant aux effets positifs des statines, et bien le bilan est plus que mitigé puisque le résultat composite primaire (pourtant prévu extrêmement large puisque composé d’une incidence combinée de décès ou d’événements cardiovasculaires, y compris l’infarctus du myocarde ; l’angine instable nécessitant une hospitalisation non planifiée ou une revascularisation coronarienne ; l’infarctus cérébral ou la revascularisation cérébrale ; le début d’une dialyse chronique, ou le doublement ou plus de créatinine sérique ; ou une maladie aortique ou une maladie artérielle périphérique) s’est produit chez 129 patients ayant reçu un traitement intensif par statine par rapport à 153 patients de l’autre groupe. Je cite : « ce qui n’était pas significativement différent ».

Si l’on entre un peu plus dans les détails, l’annexe « Supplementary data » nous apprend que bien que les auteurs de l’étude concluent celle-ci par « Les résultats exploratoires ont montré une diminution significative des événements cérébraux dans le groupe intensif », les chiffres sont beaucoup moins significatifs avec une réduction (en % absolus annuels) de 0,25 % des infarctus cérébraux (Cerebral infarction) et de 0,04 % des interventions de revascularisation cérébrales (Cerebral revascularization). Autrement dit, ça nous fait un NNT (number needed to treat) annuel de 400 et 7572 respectivement, ce qui est loin d’être un franc succès…
Le reste des résultats étant du même acabit, c’est-à-dire encore moins significatif, c’est dire ! Ah mais, c’est parce que (dixit les auteurs) la baisse du cholestérol était moins forte que prévu et qu’avec un niveau de cholestérol LDL en dessous de 0,70 mg/dl, les résultats auraient été différents !

Bizarre, parce que les dernières études (FOURRIER[1][2] et ODISSEY[3]) sur les inhibiteurs de PCSK9, avec des taux de cholestérol LDL de 0,25 à 0,30 mg/dl ne démontraient pas une efficacité fracassante, loin s’en faut…

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