Certains cardiologues sont-ils compromis avec les labos ?

C’est ce que l’on est en droit de penser au vu de l’histoire suivante : un ami ayant fait un infarctus en fin d’année dernière a commencé à se poser des questions au sujet des statines, suite au visionnage de l’excellent documentaire « Cholestérol, le grand bluff » diffusé en 2016 sur Arté (et encore visible sur YouTube1). Il m’a donc contacté afin d’avoir plus de renseignements, renseignements que je me suis bien évidemment empressé de lui fournir tout en lui précisant que la teneur de mes propos risquait fortement de déplaire à son cardiologue…

Par contre son ordonnance m’a plongée dans la plus profonde perplexité :

Suite à la pose d’un stent, il a bien évidemment eu droit à une double agrégation. Mais le cardiologue lui a prescrit directement du Brilique au lieu de ce bon vieux Clopidrogrel, recommandé par la HAS en première intention et qui convient parfaitement pour 99,99 % des individus2.

Sauf que le Brilique est facturé 57 euros la boite de 603 alors que le Clopidrogrel n’est facturé qu’environ 15 euros pour la même quantité4 !

La plaisanterie continuant avec la prescription de Liporosa, mélange de Rosuvastatine et d’Ezetimibe.

N’oublions pas que l’Ezetimibe a été reconnu comme strictement inefficace à réduire les maladies cardiovasculaires, que ce soit par la FDA ou la HAS ou encore d’autres organismes (Cochrane, Prescrire, etc.)5, ce même en addition d’une statine… A ce propos, je me permets de rappeler la conclusion de Merk au sujet du Zetia (Ezetimibe) : Les informations de prescription de ZETIA indiquent que l’effet de ZETIA sur la morbidité et la mortalité cardiovasculaires n’a pas été déterminé. ZETIA n’est pas indiqué en association avec une statine pour réduire davantage les événements cardiovasculaires chez les patients ayant présenté un syndrome coronarien aigu.

Donc tout le monde reconnaît que l’Ezetimibe ne sert strictement à rien, mais des cardiologues le prescrivent quand même…

Il est vrai que ce fameux Liporosa est commercialisé au prix d’environ 55 euros la boite6 alors qu’une boite de Crestor ne coûte que 6,34 euros7 !

Alors oui, on peut considérer que certains cardiologues sont plus que compromis avec les labos, car je ne vois pas d’autre explication concernant la prescription de médicament plus chers et même pas plus efficaces, voire carrément inefficaces…

D’un autre côté, je ne vois pas pourquoi ils se priveraient de favoriser ainsi les labos pharmaceutiques puisque la sécu rembourse sans coup férir (et surtout sans aucun contrôle…) ; quant au gouvernement, vu sa complaisance avec ceux-ci8, il ne faut rien en attendre de ce côté !

 

 

6 réflexions au sujet de “Certains cardiologues sont-ils compromis avec les labos ?”

  1. Bonjour, mon mari prend du brilique suite au test vasp qui s’est révélé négatif pour la prise du plavix… les cardiologues sont poussés par la SS à ne pas prescrire le brilique car trop cher au profit de l’aspegic toxique… qu’ils soient cormpus aux labos ou être les bons toutous de la SS au dépend du patient est une vraie question… il faut se battre continuellement !!!

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  2. D’accord avec toi, je suis un poil interrogatif sur le Brilique.

    Il existe un test, Vasp, qui permet de vérifier s’il y a intolérance ou non avec le Plavix. Cela peut conduire à prescrire du Brilique. Je n’ai plus en tête la proportion de personnes concernées mais même peu élevé c’est plus que 1%. Je suis pas sûr que la HAS soit à jour là-dessus. J’essaierai de retrouver les références.

    Il y a aussi des interférences médicamenteuses, de mémoire toujours, par ex entre IPP (une autre méga saloperie dangereuse quand surprescrit ou longtemps, mais ça tu l’as déjà écrit) et Plavix qui peut laisser croire à des médecins que si le Plavix marche peu sur ces patients, ça marchera peu sur les autres, alors que le problème ne vient pas de là.

    Bon ok j’avoue, mon hypothèse d’étapes de raisonnements du cardio suppose qu’il a parcouru la littérature scientifique et qu’il se soucie des effets secondaires. C’est contredit par le reste de la prescription. Zut mon hypothèse n’est pas vérifiée. Ton hypothèse à toi, une bonne vieille compromission au détriment des patients et au bonheur de son portefeuille, reste de loin la plus crédible.

    Reste à voir s’il adapte le dosage du Brilique qui lui aussi a parfois des effets secondaires gênants, qui se règleraient je crois en jouant temporairement sur les doses.
    Mais cette hypothèse est déjà contredite par la présence de Liporosa : statines il faut oser, ezetimibe il faut oser, alors les deux ….

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    • Hello, Olivier.
      J’avais effectivement vu passer ces deux informations au sujet du Plavix, il faudrait que je mette à jour la page…
      Sinon, pour le reste je vais citer une célèbre réplique de Audiard dans les Tontons flingueurs : « Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît… »

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  3. Vertigineux… Et l’immense majorité des patients ne peut pas se rendre compte de ces prescriptions discutables, n’ayant pas les connaissances médicales nécessaires.

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    • Sauf que vous vous faites référence à une base de donnée dont la conception et le fonctionnement laissent penser que celle-ci a été conçue par un stagiaire sous-payé (c’est fait exprès…) et dont l’exhaustivité est loin d’être la vertu première…

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