La fille de Brest : un film à voir absolument (si ce n’est déjà fait)

Je viens de regarder en VOD le film «La fille de Brest» qui raconte le combat de la pneumologue Irène Frachon contre les graves effets secondaires occasionnés par le médicament Mediator des laboratoires Servier, à la base médicament antidiabétique (même pas efficace, en plus !) mais souvent prescrit comme coupe-faim (ceci, bien sûr, hors AMM…).
Je ne m’attarderai pas sur les quelques défauts (minimes) d’un film forcément romancé pour parler plutôt du fond qui m’a semblé fidèle à la réalité, à savoir les embûches et pressions de toute sorte qu’elle à du subir, elle qui n’était pas préparée à devenir une personne médiatique, l’arrogance et le cynisme des laboratoires Servier qui se moquent ouvertement de cette petite pneumologue de province, l’inertie des ronds de cuirs de l’Afssaps qui ne veulent absolument pas se fâcher avec un si puissant laboratoire, tellement puissant que non seulement il a réussi à faire renouveler l’AMM du mediator alors que celui-ci n’était plus autorisé dans beaucoup de pays européens, mais qu’en outre il à réussi à faire supprimer le sous-titre du livre d’Irène Frachon : « Mediator 150 mg, combien de morts ? ».
J’ai vraiment été touché par son personnage fragile, avec ses doutes et ses certitudes, qui se bat de toutes ses forces face contre la puissance des labos Servier et l’inertie de toutes les instances médicales qui le soutenaient ou n’osaient pas prendre position contre lui ; peut-être par peur de perdre leurs émoluments grassements payés par Servier ?
Le combat est hélas loin d’être terminé. Lors d’une interview au sujet du film, Irène Frachon à soulignée : Le film s’arrête en 2010. Six ans après, je suis toujours dans un vrai corps-à-corps. Face à des criminels à cols blancs qui continuent de s’acharner sur leurs propres victimes. Des cabinets d’avocats payés des fortunes tentent d’étouffer les procédures. Au sein du monde universitaire et médical, certains m’en veulent d’avoir ébranlé le système et soi-disant jeté l’opprobre sur le corps médical. » Pas la moindre idée, a-t-elle déploré, de la date du procès pénal. « Pendant ce temps, des victimes qui ne peuvent plus travailler, ni même monter leurs escaliers, et qui vivent avec 540 euros par mois, attendent d’être indemnisées… ».
Bref, un bel aperçu de la compromission (corruption ?) de tout ce beau monde ainsi qu’un aperçu de la difficulté des lanceurs d’alerte pour se faire entendre.
Pour l’anecdote, n’oublions pas que Mr Servier a été fait Grand-Croix de la Légion d’honneur par le président de la République française, Nicolas Sarkozy, le 31 décembre 2008, ce dernier ayant été précédemment été un des avocats du groupe Servier et que Henri Nallet (ex-ministre compromis dans l’affaire URBA et conseiller du laboratoire Servier jusqu’en 2013) a été fait, lui-aussi, Commandeur de la Légion d’honneur le 14 juillet 2015…

 

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