Y aura-t-il un jour un procès des statines ?

Telle était la question postée en commentaire par un lecteur1.

Tout d’abord, voyons quels sont les avis sur les statines de la part des différentes institutions gouvernementales, savantes ou supérieures :

  • L’ANSM : Voici ce qu’en disait cette institution en 2014 (en l’absence de document plus récent, on peut considérer que celui-ci est toujours d’actualité) suite à la mise en évidence de l’effet diabètogène des statines2 : « Pour l’EMA, comme pour la FDA, cette augmentation du risque de survenue de diabète de 9 à 15 % n’est pas de nature à remettre en question le rapport bénéfice/risque de cette classe thérapeutique qui reste positif dans la prévention cardiovasculaire selon les indications définies pour chacune de ces statines. L’efficacité de ces médicaments a été démontrée aussi bien en prévention primaire que secondaire par de nombreuses études cliniques de grande ampleur qui ont permis d’établir que leur bénéfice est largement supérieur à leurs risques. Toutes statines confondues, le traitement permet de réduire le risque d’événement cardio-vasculaire de 15 à 23 % selon le type d’événement et de 10 % les risques de mortalité toutes causes. »
  • La Société Française de Cardiologie s’est fendu d’un article (26/11/2019) « Statines et Vaccins : 2 versions modernes de l’obscurantisme », dont le contenu n’est qu’un panégyrique des statines, ézétimibe et inhibiteurs de PCSK9. On peut aussi citer une plaquette publiée à l’intention des patients, intitulée « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les statines en 14 questions », et chargée de démêler le vrai du faux sur les statines. Plaquette bien entendu dédiée entièrement à la gloire des statines et autres médicaments faisant baisser le cholestérol.
  • Même son de cloche du côté de la Fédération Française de Cardiologie qui, dans un article mis à jour le 14/02/2020, vante tout autant les mérites des statines3 : « Avant tout, il est indispensable de suivre votre traitement à la lettre. Vous devez prendre tous les jours votre BASI (sauf contre-indication) : B pour bêtabloquant, A pour antiagrégant plaquettaire, S pour statine, I pour Inhibiteur de l’enzyme de conversion. Au long cours, dans l’idéal votre LDL cholestérol (contrôlé tous les six mois) doit être inférieur à 0,7 g/l, et votre pression artérielle s’affiche en dessous de 140/90 mmHg. »
  • Sur le site de l’European Society of Cardiology, nous avons droit à un publireportage4 (03/12/2019), là aussi tout entier dédié aux bienfaits des statines. Celui-ci se terminant par : « Il ne fait aucun doute que les bénéfices des statines l’emportent de loin sur tout risque. »
  • Quant à l’European Atherosclerosis Society, celle-ci conclue que les bienfaits des statines l’emportent largement sur leurs peu d’effets secondaires5 : « La conclusion écrasante de ce panel de consensus est que les avantages cardiovasculaires établis de la thérapie aux statines l’emportent de loin sur le risque de tels effets indésirables. Les cliniciens devraient être rassurés quant à l’innocuité du traitement aux statines sur la base de cet examen approfondi fondé sur des preuves. »
  • Et je vous passe les différentes sociétés savantes américaines dont les louanges sur les statines sont très exactement proportionnelles à leurs liens d’intérêts avec les labos produisant ces dernières…

Toutes ces hautes instances sont donc unanimes : d’après elles les statines sauvent beaucoup de vies, un taux de cholestérol bas (et plus il est bas, meilleurs c’est…) est excellent pour la santé et le rapport bénéfice/risque est largement en faveur de ces dernières. En effet, elles ont très peu d’effets secondaires (sic…) et ce n’est pas quelques cas de diabètes ou de douleurs musculaires qui vont faire changer les discours de ces organisations.
Relativisons ce concert de louanges, il est clair que tous les discours de ces grandes institutions sont plus que fallacieux. Ces dernières ne fonctionnant  que grâce aux subsides provenant des labos pharmaceutiques6, ceux-là même produisant les… statines, elles ne se risqueraient surtout pas à prendre position contre ceux qui les nourrissent (grassement, en plus !).

Quant aux organisations gouvernementales, j’ai encore le souvenir des recommandations de la HAS sur la prise en charge des principales dyslipidémies. Recommandations qui ont été annulées après la mise à jour par le Formindep7 de mensonges de la part des principaux experts de cette institution sur leurs liens d’intérêts avec les labos8. On peut aussi évoquer les cas de cette journaliste ayant réussi à faire homologuer au niveau européen un simple filet à clémentines comme mèche vaginale, destinée à être implantée par chirurgie à des femmes souffrant de descente d’organe9. On ne peut donc qu’être très prudent quant à l’indépendance et à la clairvoyance de ces dernières…

Pour ce qui est du gouvernement, au vu de tous ces éloges, il est illusoire d’espérer que nos députés par ailleurs plus prompts (pour la plupart…) à écouter les voix des lobbies pharmaceutiques qui écument les couloirs du palais Bourbon plutôt que celles des patients qui souffrent, vont se bouger le cul afin d’initier un quelconque procès d’un médicament aussi miraculeux ! Il n’y a qu’à constater où en sont les procès du Mediator ou de la Depakine…

Maintenant, regardons du côté des patients…

Je n’ai pas trouvé plus récent (si quelqu’un à des infos, je suis preneur…) mais mi-2013, un document de l’Assurance Maladie10 faisait état de 6,4 millions de patients sous statines avec une prévision d’augmentation de 1 million de patients par an. Nous sommes début 2020 et ça nous devrait donc donner 6,5 millions de patients en plus, soit 12,9 millions. En tenant compte de l’attrition naturelle, nous aurions donc environ 9 ou 10 millions (grosso-modo et vraiment à la louche, voire à la pelle…) de patients sous statines.
Nous avons donc 9 à 10 millions de patients sous statines qui détiennent le pouvoir et ont entre leurs mains le devenir des statines.

Et ?

Rien, macache bono, nib, que dalle, wallou…

Parmi ces 9 à 10 millions de patients sous statines, combien ont osé dire à leur médecin/cardiologue, droit dans les yeux, que les statines ayant largement plus d’effets secondaires que d’efficacité, ils refusaient de prendre ce produit ? À mon avis et je suis optimiste, ça ne doit même pas dépasser les 0,01 %. Et encore…
Parmi ces 9 à 10 millions de patients sous statines, combien ont déclaré leurs effets secondaires indésirables sur le site Portail de signalement des événements sanitaires indésirables ? Allez, une fois de plus et en étant toujours aussi optimiste je pense pas, là non plus, que ça dépasse les 0,01 %.

Comme le disait si bien le regretté Coluche : « Quand on pense… Qu’il suffirait que les gens ne les achètent plus pour que ça se vende pas ! ».

Si la majorité des patients se fendaient d’un grand coup de gueule et disaient tout net à leur médecin/cardiologue qu’ils refusent de prendre des statines (c’est un droit inscrit dans l’Article R.4127-36 du code de la santé publique) à cause de leurs effets secondaires et leur quasi-inefficacité, je ne doute pas un instant que toutes les hautes instance, aussi savantes soient-elles, ne tarderait pas à faire leur mea culpa .

Si la majorité des patients enregistraient leurs problèmes avec les effets secondaires dus aux statines dans la base Portail de signalement des événements sanitaires indésirables, je ne doute pas un instant, là aussi, que les hautes instance prendraient sérieusement en compte les effets secondaires des statines.

Oui mais voila, il faudrait pour cela que tout les patients se bougent et osent affronter leur médecin/cardiologue pour dénoncer les statines. Hélas, il y a bien longtemps que je ne me fais plus aucune illusion quant à la capacité des patients à se remuer le postérieur, quand bien même leur santé serait sérieusement impactée…

Faire baisser le cholestérol (que ce soit avec des statines ou tout autre produit tout aussi peu efficace, mais surtout beaucoup plus rentable…) rapporte beaucoup d’argent aux labos ainsi qu’à tous les intermédiaires qui profitent de leurs largesses. Les différentes organisations savantes qui n’existent que grâce aux subsides de cette même industrie pharmaceutique ne vont surtout pas aller contre, au risque de perdre leur manne financière. Et le gouvernement qui n’accorde une oreille attentive qu’aux lobbies qui le brossent dans le sens du poil non plus. Tout ce beau monde est plus préoccupé par leur chiffre d ‘affaire et les dividendes de leurs actionnaires (pour les premiers) et tout ce que ça peut leur rapporter financièrement (pour les autres) . Alors la santé des patients…

Donc non ! La perspective d’un procès des statines n’est certainement pas pour demain.

 

10 réflexions au sujet de “Y aura-t-il un jour un procès des statines ?”

  1. Moi, j’ai découvert les effets indésirables en faisant la partie nécrosante.

    Je me plaignais de douleurs musculaire et du jour en lendemain, fonte musculaire de 14 kg (en 10 jours)

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  2. Bonsoir,

    J’ai trouvé ceci sur le site Améli https://www.ameli.fr/l-assurance-maladie/statistiques-et-publications/donnees-statistiques/medicament/medicaments-pharmacies-de-ville-par-classe-atc/medic-am-labellise-2018.php
    Le fichier concerne les pharmacie de ville. Après extraction du 1er fichier de l’année 2018 j’ai vu que les derniers onglets listent les médicaments, dont les statines, selon plusieurs paramètres et indiquent notamment le nombre de boîtes vendues.

    Concernant le refus des statines je pense que quand même il y a des progrès. Pour sa part mon mari les a refusé tout net à son cardiologue. Ce dernier devait quand même être habitué à ce type de discours et pour appuyer ces dires nous a alors parlé d’un grand professeur de cardiologie de Toulouse, qui ne jurait que par les statines.
    Oui mais voilà…. le professeur en question ayant été cité quelques jours auparavant dans le journal local, j’avais eu la curiosité d’aller voir quels étaient ses conflits d’intérêts….qui étaient conséquents…. ce que j’ai dit au cardiologue…. qui visiblement ne s’attendait pas à ma réaction.Il a toutefois été assez intelligent, le moment de stupeur passé, pour se ressaisir et nous dire qu’il voyait qu’il ne parviendrait pas à nous convaincre mais que le seul intérêt qu’il avait était de sauver ses patients et qu’il était fatigué de voir autant de réactions négatives et de refus des statines.
    A voir quand même si on pourra obtenir un prochain RDV dans cet établissement !

    Beaucoup de patients prennent des statines et autre chimie qui ne vaut pas mieux mais beaucoup aussi s’informent et des sites internet comme le votre sont précieux par les informations et les témoignages qu’ils apportent. Merci.

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  3. La H.A.S. indique dans sa plaquette ( https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2017-06/dir128/pnds_-_maladie_de_kennedy.pdf ) « Protocole National de Diagnostic et de Soins (PNDS) Maladie de Kennedy » –
    Page : 24 : « … L’utilisation de statines devra être évaluée en raison de leur toxicité musculaire potentielle… « , bien timide mise en garde, mais page 45, il en est tout autrement :
    Page 45 :  » Toutes les statines sont susceptibles d’entraîner des troubles musculaires : un certain nombre de patients présentent des symptômes mineurs à type de douleur ou sensibilité musculaire inexpliquée, fatigue musculaire, crampes, associés ou non à une augmentation modérée des CPK ( 30 ou 40 N) conduisant à une myoglobinurie. Le pronostic est conditionné par la gravité de l’insuffisance rénale associée. »
    Pge 47 :  » Associations déconseillées : toutes les statines en association avec les fibrates, eux-mêmes toxiques pour le muscle (prescription réservée à certaines hyperlipidémies mixtes sévères), simvastatine avec le jus de pamplemousse car il augmente les concentrations de cette statine. » SIC !!!
    Page 48 : « En principe, les signes musculaires disparaissent totalement après l’arrêt définitif d’un traitement par statine. »
    La même H.A.S., en juillet 2007, indiqué dans son guide « Sclérose latérale amyotrophique Protocole national de diagnostic et de soins pour une maladie rare »
    Page 8 :  » Traitements contre-indiqués
    ● Certaines molécules pourraient avoir un effet aggravant sur l’évolution de la maladie.
    ● Leur prescription est déconseillée ou à réévaluer chez les patients atteints de SLA : anabolisants, statines, corticoïdes au long cours, anticholinestérasiques. »

    Quant aux organisations gouvernementales, qu’attendent elles pour réagir ? Que l’on bloque les ronds-points ?

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    • Merci pour ces précisions.
      J’aime beaucoup la page 45 du document de la HAS : « un certain nombre de patients présentent des symptômes mineurs à type de douleur ou sensibilité musculaire inexpliquée, fatigue musculaire, crampes…». On reconnaît bien l’hypocrisie de la HAS alors qu’il est admis que jusqu’à 70 % des patients sous statines ont des problèmes musculaires et 40 % sont fatigués au point de perturber leur vie quotidienne…
      Quant à bloquer les ronds-points, pourquoi pas (mais je n’y crois pas trop) car je persiste à penser que si la plupart des patients disaient non aux statines, le problème serait rapidement résolu !

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  4. Ce serait un véritable procès en sorcellerie : « Je renonce à Satan, à ses pompes et à ses œuvres… » ! Totalement inimaginable !
    Mais que cela ne vous empêche pas de poursuivre votre minutieux travail d’enquête. Bravo et merci.
    (s) Un suppôt repenti.

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  5. Merci pour ce récapitulatif très clair et désespérant au vu de la myriade d’effets secondaires de ces médocs, et de leur inutilité totale, en prévention primaire ou secondaire. J’en rajoute une louche.
    J’avais évoqué le risque de procès pour ces prescriptions de médicaments inutiles et toxiques, à un médecin spécialiste que j’estime bon sinon par ailleurs dans sa spécialité (hors cholestérol). Il m’avait répondu en gros « oui mais en cas de procès je ne risque rien car je suis les recommandations officielles » tout en sous-entendant qu’il en prescrivait beaucoup moins que ses collègues. Alors que son niveau de prescription était déjà très élevé, … et oui, les patients discutent entre eux.
    Bref, je suis heureux d’avoir refusé l’idée même d’un tel traitement à la fin des années 90. Et désemparé aussi face à cette situation. Heureusement que des sites tels que le tien sont là et tiennent bon.

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    • Hello, Olive verte.
      Merci pour ce commentaire qui confirme mes propos. Effectivement, aucun médecin n’ira contre les recommandations officielles alors qu’il est notoire que celles-ci sont édictées par les laboratoires pharmaceutiques qui font la pluie et le beau temps sur le monde de la santé (et pour leur plus grand bénéfice…).
      Et je suis moi aussi désemparé. D’où ce site qui, à défaut de révolutionner le système, tente d’informer les patients.
      Après, j’ai bien conscience que c’est un le pot de terre contre le pot de fer…
      Mais sait-on jamais, une brutale prise de conscience des patients…
      La majorité des patients qui refuserait de prendre des statines…
      Ce serait grandiose…

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