L’Inclirisan, un nouvel inhibiteur de PCSK9 encore en phase de test

Plus fort et plus beau que le Praluent et le Repatha, voici venir l’Inclirisan.

Celui-ci (je cite…) « est le premier d’une nouvelle classe d’agents hypocholestérolémiants appelé ARN interférant. Il s’agit d’une molécule d’ARN double brin qui exploite un processus naturel appelé interférence ARN, qui a la capacité de désactiver des gènes spécifiques – dans ce cas, le gène de la PCSK9.1 ».
L’Inclisiran est produit par le laboratoire « The Medecine Company ». Lequel vient d’ailleurs d’être racheté par… Novartis2 ; ce qui permet à ce dernier, qui en était resté aux statines (Fluvastatine), de revenir au niveau des autres labos pour ce qui est des traitements anticholestérol.

Les essais cliniques ORION ont eu vocation à tester ce nouveau traitement faisant baisser de manière spectaculaire le cholestérol LDL et administré en plus de la dose maximale de statines. La différence avec les précédents inhibiteurs de PCSK9 étant que celui-ci ne nécessite que 2 injections annuelles.
Je vous passe les essais de phase 1 et 2 pour vous parler des essais de phase 3 (ORION-9, ORION-10 et ORION-11). Enfin le peu que j’ai pu trouver sur le net car, comme d’habitude concernant tout nouveau produit, les labos sont plutôt avares d’informations (faudrait voir à ne perturber la brillante communication commerciale…).
En parlant de communication commerciale, ceux-ci claironnent partout que les résultats sont là : autrement dit 50 % de réduction du méchant cholestérol LDL dans l’essai ORION-9, 58 % dans l’essai ORION-10 et 50 % dans l’essai ORION-11.

Le reste, comme on va le constater, est beaucoup moins idyllique…

Essai clinique ORION-93 :

Peu d’informations…
Les données de référence ont montré que 90 % des patients prenaient des statines, 80 % prenaient des doses à forte intensité et 50 % prenaient également de l’ézétimibe.
Mis à part une augmentation spectaculaire des réactions au point d’injection (96,97 %, soit 13,7 vs 0,4 %), les résultats des tests de laboratoire étaient également similaires entre le groupe de traitement actif et le groupe placebo, sans signe de toxicité hépatique, rénale, musculaire ou plaquettaire, est-il noté. Il n’y avait pas non plus de différence entre les deux groupes en ce qui concerne les décès toutes causes confondues, les décès d’origine cardiovasculaire ou cancéreuse, ou les tumeurs malignes nouvelles ou s’aggravant.

Selon cet essai, on peut donc en conclure que ce produit fait plus que fortement baisser le cholestérol LDL sans que ceci ait la moindre influence sur les maladies cardiovasculaires que ce traitement est pourtant censé réduire…

Essai clinique ORION-104 :

L’Inclirisan était administré à des patients déjà soumis à la dose maximum de statines.
Cette fois-ci, quelques résultats sont disponibles concernant cet essai.
Pour ce qui est des effets secondaires et résultats significatifs de la branche Inclirisan (les labos ayant la détestable de faire figurer leurs résultats en % relatif, j’ai fait de même !), nous avons :

  • Réactions aux point d’injection : 65 % d’augmentation (2,7 vs 0,9 %)
  • Décès de causes cardiovasculaires : 28,57 % d’augmentation (0,9 vs 0,6 %), ce qui est plutôt curieux pour un produit censé les réduire…
  • Accident vasculaire cérébral ou infarctus du myocarde mortel ou non mortel : Augmentation de 18,75 % (4,1 vs 3,3 %)
  • Par contre il semblerait qu’il ait eu plus de cas de cancer dans la branche placebo (66 % soit 0,1 vs 0,4 %) mais on peut douter fortement que le placebo en soit la cause. À moins que l’Inclrisan, à défaut d’être efficace contre les maladies cardiovasculaires, le soit contre le cancer…

Les résultats de l’essai clinique ORION-10 n’ont donc rien de transcendant. A mon avis, ils sont même plutôt inquiétants puisque cette forte baisse du cholestérol ne se concrétise par aucune réduction des maladies cardiovasculaires et des AVC, au contraire on y constate une légère augmentation de ces derniers dans la branche Inclirisan !

Essai clinique ORION-115

Encore moins d’information pour cet essai clinique. 50 % de réduction du cholestérol LDL sur une période de 18 mois avec 90 % des patients qui étaient à la dose maximum de statines et 7 % qui prenait en plus de l’ézétimibe.
Tout ceci « sans signe évident de toxicité» , dixit le labo…

 

Finalement, on n’en saura pas plus ; le but de ces essais clinique étant de vérifier la forte baisse du cholestérol et apparemment pas une quelconque implication dans la réduction des maladies cardiovasculaires. Mais si l’on se réfère aux précédents essais sur les inhibiteurs de PCSK9, je ne vois pas pourquoi celui-ci arriverait à faire des miracles.

Attendons de voir ce que diront les chiffres… lorsqu’ils seront publiés…

 

 

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