Trial Trichopoulou

Titre officiel :

Adherence to a Mediterranean Diet and Survival in a Greek Population

Date de publication :

26 juin 2003

Durée :

3,7 ans

Sponsor :

  • Aucuns (Soutenu par le programme européen contre le cancer, le ministère grec de la santé et le ministère grec de l’éducation)

Participants :

L’inscription des participants dans la «Greek component of the European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition» (EPIC) a eu lieu entre 1994 et 1999. Un total de 28 572 participants, 20 à 86 ans, ont été recrutés dans toutes les régions de la Grèce.

Interventions :

Enquête prospective impliquant 22 043 adultes en Grèce ayant validés un vaste questionnaire sur leurs habitudes alimentaires. L’adhésion à la diète méditerranéenne traditionnelle a été évaluée sur une échelle de 10 point incorporant les caractéristiques marquantes de ce régime (fourchette de notes de 0 à 9 avec des scores plus élevés pour une plus grande adhérence au régime méditerranéen). Nous avons utilisé la régression des risques proportionnels pour évaluer la relation entre l’adhésion à la diète méditerranéenne et la mortalité totale, ainsi que pour la mortalité due aux maladies coronariennes et au cancer, avec ajustement pour l’âge, le sexe, indice de masse corporelle, niveau d’activité physique et autres facteurs de confusion potentiels.

Sources :

NEJM – Adherence to a Mediterranean Diet and Survival in a Greek Population

Quelques réflexions concernant cette étude clinique :

Le but de cette étude était d’étudier la relation entre les habitudes alimentaires méditerranéennes et l’implication du régime méditerranéen avec la mortalité globale dans un large échantillon de la population grecque.

Données sur l’alimentation :

L’apport alimentaire habituel au cours de l’année précédent l’inscription a été évaluée à l’aide d’un questionnaire de fréquence alimentaire semi-quantitative sur environ 150 aliments et boissons consommés couramment en Grèce.
Pour chacun des éléments, les répondants devaient déclarer leur fréquence de consommation et la taille de la portion, cette dernière étant calculée sur la base des informations fournies et 76 photographies de portions habituelles. Les réponses à ces questions ont été vérifiées par souci d’exhaustivité et ont servi à l’estimation de l’apport en éléments nutritifs. Les tailles des portions standard ont été utilisées pour l’estimation des quantités consommées et les apports nutritionnels ont été calculés à l’aide d’une base de données de composition alimentaire qui avait été modifiée pour tenir compte des particularités du régime alimentaire grec.
Finalement, 14 groupes d’aliments ou nutriments ont été définis : pommes de terre, légumes, légumineuses, fruits et noix, produits laitiers, céréales, viande, poisson, œufs, lipides mono-insaturés (principalement l’huile d’olive), les lipides polyinsaturés (huiles de graines de légumes), les lipides saturés et margarines, le sucre et sucreries et les boissons non alcoolisées.
Pour chaque participant, l’apport de chacun des groupes est indiqué en grammes par jour et l’apport énergétique total a été calculé.

Dépense d’énergie :

Une section du questionnaire sur les caractéristiques de style de vie portait sur la fréquence et la durée de la participation à des activités physiques au travail et pendant les loisirs. Un indice de dépense d’énergie est calculé en attribuant un multiple du taux métabolique au repos pour chaque activité (d’une valeur équivalente métabolique [MET]). Le temps consacré à chacune de ces activités a été multiplié par la valeur MET de l’activité, et tous les produits MET-heure ont été additionnées pour produire une estimation de l’activité physique quotidienne, ce qui indique la quantité d’énergie dépensée par kilogramme de poids corporel pendant une journée moyenne. Les mesures anthropométriques et démographiques et les caractéristiques de style de vie ont aussi été enregistrées avec l’aide de procédures normalisées.

Échelle de notation de l’adhésion au régime méditerranéen :

L’adhésion au régime méditerranéen a été mesurée à l’aide d’une échelle à 10 unités prenant en compte les neuf composants essentiels du régime méditerranéen : consommation élevée de légumes, légumineuses, fruits et noix, poissons et fruits de mer, céréales ; consommation faible de viande et produits à base de viande ainsi que de produits laitiers, ratio lipides mono-insaturés/saturés élevés (reflétant la consommation élevée d’huile d’olive) ; consommation modérée d’alcool.
Pour chaque composant, un score de 0 ou 1 a été assigné, selon que la consommation était inférieure à la médiane ou supérieure ou égale à la médiane, respectivement, pour les composants supposés bénéfiques, et inversement pour les composants supposés non bénéfiques.

Résultats de cette étude clinique :

Cette population a été suivie pendant une durée médiane de 44 mois.
Durant cette période, 275 décès sont survenus. Un bon suivi du régime méditerranéen s’est associé à une réduction de la mortalité globale et des mortalités par maladie cardiovasculaire et par cancer. Ainsi toute élévation de deux points dans le score d’adhésion au régime méditerranéen s’est traduite par une diminution de 25 % de la mortalité globale (intervalle de confiance à 95 % : 13 à 36 %), une baisse de 33 % de la mortalité coronarienne (IC 95 % : 6 à 53 %) et un abaissement de la mortalité par cancer de 24 % (IC 95 % : 2 à 41 %). Il est à noter que ces résultats ont été ajustés par rapport à des facteurs de risque connus comme l’âge, le sexe, l’indice de masse corporelle, le niveau d’activité physique et le tabagisme.

Un peu plus dans le détail :

Les auteurs ont regardé la contribution individuelle de chaque composant du régime méditerranéen par rapport à la diminution de la mortalité observée, en enlevant chaque composant tour à tour du score et en recalculant le nouveau ratio de la mortalité associé à une augmentation de 2 unités de ce score sans le composant concerné.
Il s’avère que l’ensemble des composants du régime méditerranéen (sauf le poisson et les fruits de mer) étaient inversement associés à la mortalité, celle-ci n’étant par contre pas significative avec les composants pris individuellement. En revanche, dans cette étude, le niveau de consommation de poissons et fruits de mer, céréales et produits laitiers n’a que peu contribué à réduire la mortalité.
Concernant la consommation d’alcool, une consommation modérée (entre 10 et 50 g/j pour les hommes et entre 5 et 25 g/j pour les femmes) était associée à un ratio de mortalité significativement moins élevé que pour une consommation d’alcool plus faible ou plus élevée.
Les éléments clés du régime méditerranéens sur la réduction de la mortalité remarqués lors de cette étude sont qu’une consommation modérée d’alcool contribue pour 23,5 % à la diminution de la mortalité, une faible consommation de viande pour 16,6 %, une consommation élevée de légumes pour 16,2 %, une consommation élevée de fruits et noix pour 11,2 %, un ratio lipides mono-insaturés/saturés élevé pour 10,6 %, une consommation élevée de légumineuses pour 9,7 %.
Par contre, une consommation élevée de céréales et une faible consommation de produits laitiers avaient peu d’effet (6,1 % et 4,5 %, respectivement).

En conclusion :

Plusieurs explications à ce résultat sont possibles. Les composants individuels peuvent avoir des effets minimes qui émergent seulement lorsque les composants sont intégrés dans un ensemble de résultats. Il peut y avoir des interactions biologiques entre les différentes composantes du régime méditerranéen qui peuvent être difficiles à déceler à moins que de très grands échantillons soient utilisés.
Ces résultats indiquent que les composants dominants du régime méditerranéen prédictifs d’une mortalité plus faible sont « la consommation modérée d’alcool (principalement sous forme de vin pendant les repas, traditionnel dans les pays méditerranéens), la faible consommation de viande et la consommation élevée de légumes, fruits et noix, huile d’olive et légumineuses ».
Je terminerai par la conclusion officielle de l’étude : dans une étude prospective de population générale fondée sur un questionnaire nutritionnel complet et validé, nous avons constaté qu’un score plus élevé du degré d’adhésion à la diète méditerranéenne traditionnelle et qui intègre les points de vue actuels sur les attributs d’une alimentation saine est associé à une réduction significative et importante de la mortalité globale. L’ampleur de la réduction de la mortalité associée à une plus grande adhésion à un régime méditerranéen est compatible avec l’avantage que peuvent en tirer les populations d’Amérique du Nord et européennes.
Encore une conclusion qui, une fois de plus, va totalement à l’encontre de ce prône les labos pharmaceutiques ainsi que les industriels de la malbouffe l’industrie agroalimentaire…


Dernière modification : 2017-11-21