Une nouvelle étude (VESALIUS CV) concernant ce produit vient d’être publiée1 et a pour originalité, contrairement aux précédentes, de concerner des patients atteints d’athérosclérose ou de diabète, mais sans antécédents d’infarctus du myocarde ni d’accident vasculaire cérébral. Autrement dit en prévention primaire.
Louable intention, car les précédentes études, toutes en prévention secondaire (donc chez des patients ayant déjà fait l’objet d’évènements cardiovasculaires) ne m’avaient pas laissé l’impression d’une efficacité démoniaque2.
Mais bon, tout peut changer parce que comme le disaient les shadoks : Ce n’est qu’en essayant continuellement que l’on finit par réussir. En d’autres termes… Plus ça rate et plus on a de chances que ça marche…
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Et cette fois-ci, je ne peux que m’incliner : c’est un franc succès !
Jugez-en :
- 19 % et 25 % de réduction des 2 critères composites principaux
- Réduction de 20 % de la mortalité toutes causes, un résultat qualifié de « nominal » car il ne figurait pas parmi les critères d’évaluation composites prédéfinis.
La réduction de la MACE dans cet essai soutient la réduction intensive du LDL-C chez les patients à haut risque, qu’ils aient ou non eu un événement antérieur
, a déclaré le professeur qui a dirigé l’étude3.
C’est tellement beau que j’en pleurerai presque !
Mais revenons sur terre avec des considérations beaucoup plus pragmatiques, mais surtout des pourcentages absolus…
Tout d’abord, cette étude a été financée par Amgen et comme à l’habitude, parmi tout ce beau monde ayant participé par l’étude, beaucoup sont rémunérés par (en autre…) Amgen et la plupart émargent sur les fiches de paye des labos commercialisant des produits hypocholestérolémiants.
Sous la supervision d’Amgen, le Timi Sudy Group s’est chargé de la conduite de l’étude. Voici la liste des sponsors de celui-ci d’après ChatGPT : Abbott, Amgen, Aralez, AstraZeneca, Bayer, BRAHMS, Daiichi Sankyo, Eisai, GlaxoSmithKline, Intarcia, Janssen (Johnson & Johnson), MedImmune (an AstraZeneca subsidiary), Merck, Novartis, Pfizer, Poxel, Quark Pharmaceuticals, Roche, Takeda, The Medicines Company et Zora Biosciences.
Mais vous n’oseriez quand pas imaginer que ça aurait pu influencer les résultats ? Tout le monde connaît la probité morale et financière irréprochable des labos4…
Quant aux résultats, comment dire ?
Pas mieux que les précédents !
Malgré un taux moyen de cholestérol LDL de 45 mg/dL dans la branche PCSK9, l’étude a observé une réduction annuelle de :
- 0,27 % des évènements cardiovasculaires
- 0,04 % des décès de cause coronarienne
- 0,14 % des décès de cause cardiovasculaires
- 0,37 % des décès toutes causes
- 0,10 % des AVC
Il faut préciser aussi que la plupart des patients étaient déjà traités par statines à hautes dose, avec en plus de l’ezetimibe pour certains (20 %).
Bien évidemment, les auteurs n’ont fait remonter aucun effet secondaire, mais on peut aussi noter que, annuellement, 4,5 % des patients ont quitté l’étude sans que les raisons en soient précisées…
Bref, rien de nouveau sous le soleil !
La page des essais cliniques des inhibiteurs de pcsk9 a été bien évidemment mise à jour5.
1 NEJM : Evolocumab in Patients without a Previous Myocardial Infarction or Stroke
2 Maladies cardiovasculaires, cholestérol et statines : Essais cliniques des Inhibiteurs de PCSK9
3 Medscape : In Global Trial, PCSK9 Inhibitor Provides Major Protection Against First CV Event
4 Maladies cardiovasculaires, cholestérol et statines : La guerre des labos pharmaceutiques contre notre santé
5 Maladies cardiovasculaires, cholestérol et statines : Trial VESALIUS CV