Trial CARE

Titre officiel :

The Cholesterol and Recurrent Events

Date de publication :

3 octobre 1996

Durée :

5 ans

Sponsor :

Bristol-Myers Squibb

Conflits d’intérets :

Non indiqués (ce qui ne signifie aucunement qu’il n’y en a pas…).

Participants :

Les patients ont été recrutés dans 80 centres participants, 13 au Canada et 67 aux États-Unis. Hommes et femmes ménopausées étaient admissibles s’ils avaient eu un infarctus aigu du myocarde entre 3 et 20 mois avant la randomisation, étaient âgés de 21 à 75 ans et avaient un taux sérique de cholestérol total inférieur à 240 mg par décilitre, un taux de cholestérol LDL entre 115 et 174 mg par décilitre, un taux de triglycérides à jeun inférieur à 350 mg par décilitre (4,0 mmol par litre), un niveau de glucose à jeun de moins de 220 mg par décilitre (12,2 mmol par litre), une fraction d’éjection ventriculaire gauche supérieure à 25 pour cent et pas d’insuffisance cardiaque congestive symptomatique.

Interventions :

  • 40 mg of PRAVASTATIN (Pravachol)
  • Placebo

Sources :

NEJM – The Effect of Pravastatin on Coronary Events after Myocardial Infarction in Patients with Average Cholesterol Levels

Quelques réflexions concernant cette étude clinique :

Les auteurs de l’étude se félicitent bien évidemment de la baisse du cholestérol : Au cours du suivi, le taux de cholestérol LDL était de 28 pour cent inférieurs dans le groupe Pravastatine que dans le groupe placebo, le taux de cholestérol total était inférieure de 20 pour cent, le niveau de cholestérol HDL était supérieur de 5 pour cent et le taux de triglycérides était inférieure à 14 pour cent.
Les chiffres concernant la réduction des événements cardiovasculaire sont, eux aussi, tout aussi exceptionnels. Sauf que depuis le scandale du Vioxx et les contrôles accrus qui s’en sont suivi, aucune étude n’a réussie à atteindre les mêmes résultats. Étonnant…
Par contre, en fouillant un peu, on tombe sur quelques évidences, que les auteurs reconnaissent du bout des lèvres, comme par exemple l’augmentation des décès de maladies non cardiovasculaire 75 patients du groupe placebo et 84 dans le groupe Pravastatine sont morts de cause non coronaire. Il y avait 11 décès de cause cardiovasculaire non coronaire dans le groupe placebo et 16 dans le groupe pravastatine ; 45 dus au cancer dans le groupe placebo et 49 dans le groupe pravastatine ; 4 morts violentes dans le groupe placebo et 8 dans le groupe pravastatine ; et 15 en raison d’autres causes dans le groupe placebo et 11 dans le groupe pravastatine, sans différence significative entre les groupes.
Que penser aussi de cette augmentation conséquente des cancers du sein chez les patients sous statines :Il y a eu 161 cancers fatals et non fatals dans le groupe placebo et 172 dans le groupe Pravastatine. Il s’agissait de cancer colorectal (21 dans le groupe placebo et 12 dans le groupe pravastatine), de cancer gastro-intestinal autres que le cancer colorectal (15 et 14), cancer du foie (1 et 0) lymphome ou leucémie (10 et 8) et mélanome (3 et 4). Le cancer du sein chez 1 patient dans le groupe placebo et 12 dans le groupe pravastatine. Il faut noter que l’augmentation du cancer du sein chez les femmes sous statines a été depuis fortement confirmé [1] !

Effets secondaires indésirables :

Concernant les effets secondaires, une fois de plus les labos occultent soigneusement les effets indésirables de leur produit. On apprend avec stupéfaction qu’il y a moins d’effets indésirables avec les statines qu’avec le placebo Soixante-quatre patients du groupe placebo (3,6 %) ont abandonné le médicament en raison d’effets indésirables, comparativement à 45 (2,2 %) dans le groupe pravastatine (P = 0,007).

J’espère que le lecteur me pardonnera de concevoir quelques légers doutes…

Efficacité de la statine testée dans le cadre de cette étude :

Résultats de la statine testée sur la mortalité cardiovasculaire et globale :
PRAVASTATINPlaceboEfficacité PRAVASTATIN vs Placebo
Nombre de participants20812078
Nbre%Nbre%% d’efficacité absolue% d’efficacité absolue annuelleNNT(*) annuel
Décès par maladie cardiovasculaire964,61%1195,73%1,11%0,22%449
Décès toutes causes1808,65%1969,43%0,78%0,16%639

Malgré une baisse de 32% du cholestérol LDL et une augmentation de 5% du cholestérolHDL, les résultats (en % absolus) sont insignifiants.
Ce qui veut dire qu’annuellement, selon ce test, avec un NNT de 449 et 639, il a été traité inutilement 99,78% et 99,84% des patients respectivement.
Pas d’autres commentaires !

En conclusion :

En toute fin de l’étude, les auteurs se fendent d’un tableau nommé Expected Number of Cardiovascular Events Preventable by Treating 1000 Patients with Pravastatin for Five Years, ce qu’on peut traduire par Nombre projeté d’événement cardiovasculaire évités en traitant 1 000 personnes pendant 5 ans.
On apprend donc que pour 1 000 patients traités pendant 5 ans, il est prévu d’éviter, par exemple 11 décès par cause cardiovasculaire pour tout type de patient, soit 1,1% d’efficacité sur 5 ans. Ce qui correspond très exactement au résultats (en % absolus) de cette étude clinique et qui ramené à un % d’efficacité annuel nous donne un score de 0,22%… Pas de quoi fouetter un chat !
Le reste du tableau est assez étonnant, puisque l’on découvre que les femmes seraient beaucoup plus impactées par les événements cardiovasculaires que les hommes, ce qui depuis à été fortement et souvent démenti[2] !